^
Compte Instagram Tony Tollet
Conférence “Tony Tollet et la modernité » par Mme Stéphanie Jeanpierre Chappon, conférencière à l’Université Lumière Lyon II, le 24 novembre 2016.
Jean Jules Antoine Tollet, dit Tony TOLLET, est né le 6 novembre 1857 à Lyon, 19 rue Bourgelat, dans le quartier d’Ainay.
A la suite d’une opération qui le contraint à rester alité jusqu’à l’âge de 8 ans, il passe des journées entières à dessiner. Il développe très tôt une excellente acuité visuelle.
Il a juste tout juste 7 ans quand il offre à son père une superbe tête de Romulus au crayon noir et à l’estompe.
Après des études brillantes, il intègre sans enthousiasme l’entreprise de son père. Sans cesse surpris en train de dessiner, il subit les foudres paternelles. Il doit finalement son salut à un contremaître, M. Pâques, qui découvrant sa vocation d’artiste, saura convaincre son père de le faire entrer aux Beaux Arts de Lyon, en 1873, il a 16 ans.
Il a comme professeurs : Louis Guy, Nicolas-Achille Chaine, Jean Marie Regnier, Jean Baptiste Danguin. Michel Dumas, son professeur de peinture, ancien élève d’Ingres, de surcroît Directeur des Beaux- Arts de Lyon, aura une influence déterminante sur Tony Tollet.
Durant les cinq années qu’il passe à étudier à l’École des Beaux Arts de Lyon, il se distingue par de nombreux prix dans les disciplines du dessin et peinture de figure, l’ornementation, la composition historique.
Il s’installe au 81 boulevard Montparnasse.
Il suit avec assiduité les cours de l’école des Beaux-Arts, en même temps qu’il s’inscrit dans l’atelier d’Alexandre Cabanel.
Il bénéficie de l’enseignement de grands maîtres de l’époque : outre Alexandre Cabanel, il a pour Maîtres, Olivier Merson, Henri Lehmann, Albert Pierre René Maignan.
En échange de la subvention qu’elle lui accorde, la ville demande au Lauréat du Prix de Paris d’envoyer chaque année, comme témoignage de son travail, une œuvre qui permette de juger de ses progrès et qui figure à l’exposition annuelle des travaux de l’école.
La maîtrise du jeune artiste s’affirme et il manifeste son goût pour la grande peinture, la peinture historique et l’art idéaliste. Les expositions et récompenses se succèdent.
Tony Tollet se fait connaître du public lyonnais par ses envois au salon de la Société des Amis des Arts
En 1886, il est nommé correspondant à Paris de la Société des Amis des Arts de Lyon avec pour mission de sélectionner les envois d’artistes
Sa carrière parisienne est interrompue par la maladie de sa mère, il revient à Lyon en 1889. Elle a fait aménager un atelier à l’adresse familiale, il ne le quittera plus jusqu’à la fin de sa vie.
Revenu à Lyon auprès de sa mère malade, il s’y installe définitivement. Il peint dans le grand atelier, 19 rue Bourgelat.
1890 : décès de sa mère. Mariage avec Jeanne Pailleux, union dont naîtront six enfants et vingt-huit petits enfants.
De 1890 à 1920 : il est Professeur puis Directeur des cours municipaux de la ville de Lyon.
Ses élèves sont : Raoul Servan, Berthola, Renard, Jen Puy, Victorine Bouvier, Madeleine Plantey, Marie Louise Chabert des Nots, etc.
Son atelier devient un lieu de travail, d’enseignement et de rencontres artistiques.
Ses contraintes de chef de famille nombreuse l’amènent à produire une quantité importante de portraits de la bonne société lyonnaise.
Tony Tollet n’a de cesse de peindre jusqu’à encore quelques années de son décès qui intervient le 25 janvier 1953 ; il est alors âgé de 96 ans.
“Il n’est pas donné à tout le monde de lire couramment dans le livre de la nature, beaucoup ne peuvent le déchiffrer, un petit nombre y épelle.”
“La nature est la source de toutes les beautés pour qui sait les voir, de toutes les impressions pour qui peut les subir, de tous les sentiments par l’âme pour qui peut les percevoir.”
“L’art n’est pas seulement la sensation du Beau infini mais encore l’expression de ce Beau par une forme, une couleur, un son, un verbe. »
“Qu’est-ce que l’art ? La recherche du beau. »
Qu’est-ce que le beau ? c’est ce que j’aime.”
« L’art est une chose sacrée, une religion qui demande une longue initiation, des études patientes et approfondies. Certains veulent devenir grand prêtres avant de passer par les rudes épreuves du noviciat ! »
« L’art est un religion dont la passionnante initiation est longue et exige d’attachantes mais constantes études.”
“La peinture on en vit ou on en meurt.”
“Travaillez, un véritable artiste apprend toujours.”
“J’ai la conviction absolue que jamais le savoir, l’habileté, le métier n’ont tué le génie.”
“Etre amateur d’art ou faire de l’art en amateur sont deux états essentiellement différents.”
Il cite souvent son maître Michel Dumas
« Travailler, un véritable artiste apprend toujours, ne vous laissez pas séduire par l’exemple des succès faciles, mais éphémères. Surtout ne croyez point que tous se borne dans les arts au calque grossier des choses les plus vulgaires. Mais adonnez-vous à l’étude attentive de la nature. Que votre âme vive dans vos œuvres et garde fidèlement le culte du Beau et du Vrai Inséparable condition de la durée et de la gloire. »
Certaines œuvres sont encore visibles, mais il est préférable de se renseigner avant de se rendre sur les lieux.
– Musée des Beaux-arts de Lyon : Vers l’au-delà (archives), La Mort d’Arthur (archives).
– Hôtel du département du Rhône : Flore (sur invitation) et Thémistocle au foyer d’Admète (prix de Rome)
– Chapelle du Sacré Cœur à Lyon, rue Boissac : Tableau du Sacré Cœur ainsi qu’un vitrail dessiné par Tony Tollet et exécuté par Lucien Bégule.
– Chapelle du grand séminaire à Francheville : Le martyr de Saint Etienne (fresque des Apôtres ainsi que deux verrières).
– Cathédrale Saint Jean à Lyon, chapelle des fonds baptismaux : décoration murale : Le baptême de Saint Jean-Baptiste dans la Cure, une esquisse sur bois du Cardinal Gerlier.
– Église du Bon Pasteur à Lyon, église fermée, décoration murale : La multiplication des pains et La récolte de la manne.
– Larajasse dans le Rhône : la Vierge de la Paix (huile).
– Notre Dame du Mas Rillier, Miribel : une Vierge.
– Eglise de Beaurepaire dans l’Isère, peinture murale Le Christ et ses disciples, visible mais à restaurer.
– Maison diocésaine Saint Irénée : Le Bon Pasteur.
– Évêché de Lyon : portraits du Cardinal Girier et du Cardinal Maurin.
– Chapelle de Saint Joseph, Eglise de Fontaines sur Saône (Rhône) : peintures murales.
– Musée de Saint-Etienne : Le baiser (archives).
– Musée des Ursulines à Mâcon : Portrait d’enfant (archives).
– Musée du Luxembourg : Rêve d’avenir.
– Cathédrale Saint Siffrein, Carpentras : dans la chapelle de la Vierge, les fresques Mater Dolorosa, Mater Admirabilis, représentant des Anges. Fresques visibles au public mais à restaurer.
– Musée de Buenos-Aires.
– Musée du Vatican à Rome : Le denier de la veuve.
Vie artistique, vie sociale, l’atelier de la rue Bourgelat a scellé l’existence entière de Tony Tollet, depuis sa tendre enfance.
Tony Tollet est né au 19 rue Bourgelat dans le 2e arrondissement de Lyon. C’est dans ce même appartement que sous l’impulsion de sa mère il en fera son atelier des années plus tard.
L’atelier est à la fois un lieu de travail, d’enseignement, d’exposition et de rencontres culturelles.
Tony Tollet reçoit ses modèles pour les séances de pose mais aussi, nombreux sont les élèves qui fréquentent assidûment son atelier afin de suivre les enseignements du maître.
« Tony Tollet reçoit ceux qui soucieux d’art vrai, viennent chercher auprès de lui, le plaisir d’un accueil charmant et quelques instants d’une conversation intéressante et élevée” (Jean Bach Sisley).
Un malheureux incendie surviendra le 2 février 1909 qui détruit une grande partie de son travail, en particulier des œuvres de jeunesse.
« L’écho« , « La Samaritaine« , « La Sorcière » et « De la coupe aux lèvres » ont ainsi péri dans les flammes.
Il est encore aujourd’hui très difficile d’établir le recensement exact de tout ce qui a brûlé.
Une plaque commémorative est visible à l’emplacement de l’atelier 19 rue Bourgelat à Lyon 2e.
Parmi les élèves de Tony Tollet, une jeune femme fort douée se distingue brillamment lors des salons de la SLBA. Il s’agit de sa fille Marie -Louise Chabert des Nots – Tollet.
La relève du peintre est assurée et déjà reconnue dans le milieu artistique.
Ainsi Désiré Franc ne manquait pas d’éloge envers cette figure montante : « Ajoutons que Mme Chabert des Nots – Tollet, la fille du maître, est aussi une de ses élèves les plus douées et dont le bel effort a été récompensé par une deuxième médaille. Elle exposa au dernier salon (SLBA) une belle étude d’égyptienne et deux natures mortes, dont une était signalée en ces termes dans la luxueuse revue Art et photo que dirige notre ami M. Royet : « Madame Chabert des Nots – Tollet excelle dans les natures mortes où abondent des bibelots somptueux. Il est difficile de rendre avec une telle personnalité « la lionne blessée », le bronze devenu populaire, que reproduit cette dernière avec un goût consommé. Cette appréciation élogieuse nous dispense de tout commentaire sur le talent de la jeune artiste. »
Tony Tollet, parallèlement à son travail d’atelier, forme des générations d’élèves.
Les nombreux dessins préparatoires à ses œuvres mettent en évidence une grande maîtrise du trait et des expressions. Il a lui-même été formé par les plus grands maîtres de son époque : Michel Dumas, Alexandre Cabanel, Luc Olivier Merson, Henri Lehman, Albert Pierre René Maignan.
Dès 1890, il débute sa carrière d’enseignant en qualité de Professeur de dessin et de figure à l’Ecole de Dessin de la Guillotière, avant de rejoindre en 1903 le Petit Collège de Lyon où il assurera conjointement la fonction de Directeur d’établissement (1911-1920).
Son enseignement rigoureux est très apprécié de ses élèves dont il sait mettre en lumière les talents.
Défenseur des valeurs classiques de l’art, parallèlement à sa mission auprès de ses élèves, il s’attache à défendre les valeurs fondamentales de l’art, face aux nouveaux courants artistiques émergents.